« Informer le public du réel intérêt de la viande cultivée est un combat de David contre Goliath »
La viande cultivée à partir de cellules souches représente une solution pour conserver l’agrément de la viande, tout en diminuant les risques sanitaires et écologiques liés à sa consommation. Le puissant lobby de la viande industrielle s’efforce de condamner cette alternative, déplore, dans une tribune au « Monde », un collectif d’universitaires.
Tribune. Nos choix alimentaires font habituellement porter leurs coûts écologiques sur l’ensemble de la société. Une étude publiée en décembre par la revue
Nature Communications a tenté d’estimer le coût réel de nos aliments en prenant en compte leurs externalités environnementales. Sur la base d’un consensus estimant à environ 180 euros la tonne de CO
2 émise, le prix de notre alimentation végétale devrait être accru de 0,02 euro par kg en moyenne pour compenser les émissions agricoles, tandis que celui de la viande devrait augmenter de 2,41 euros.
Toujours d’après cette étude et contrairement à une idée répandue, l’élevage biologique présente un impact climatique similaire à celui de l’élevage conventionnel. Pire, le kilo de viande issu d’élevages intensifs de cochons a un coût climatique de 2,85 euros alors que celui de la viande bovine bio est de 6,65 euros.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi La viande cellulaire va-t-elle révolutionner nos assiettes ?
Sans une réduction drastique de notre consommation de produits animaux, une évolution vers l’élevage extensif ne ferait en effet qu’empirer les empreintes territoriale et climatique, selon le site
Carbon Brief. La consommation de viande est un dilemme pour quiconque veut concilier écologie et bienveillance envers les animaux.
A grand renfort d’engrais et de pesticides
En deux siècles, la consommation française de viande a été multipliée par huit alors que la population doublait, demandant la mise au point de nouvelles techniques d’élevage plus efficaces et productives.
L’immense majorité des animaux qui se retrouvent dans nos assiettes ne s’alimentent plus en parcourant leur territoire, mais sont nourris de fourrages, céréales et soja cultivés à grand renfort d’engrais et de pesticides. Les poissons représentent désormais plus de la moitié des animaux d’élevage dans le monde. Une catastrophe pour la faune marine, quand on sait que plusieurs dizaines de poissons sauvages sont nécessaires au nourrissage d’un seul saumon d’élevage.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi La société face au « paradoxe de la viande »
L’association Bloom estime que les élevages consomment actuellement 20 % des produits de la pêche en mer, dont le tiers est destiné aux élevages industriels de cochons et de poules. Pourtant, le marketing des produits issus de l’élevage cherche à les faire percevoir comme naturels.
Si l’innovation technique qu’est la viande cultivée a été récemment autorisée à Singapour, en France, les acteurs investis dans la préservation de l’environnement peinent à s’approprier cette perspective. En témoigne l’absence de communication à son sujet, aussi bien de la part du ministère de la transition écologique que des grandes associations écologistes, qui tardent à se positionner.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]