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Sujet: Le langage sifflé Lun 1 Oct 2018 - 14:31
Mercredi, à l’université de Pau, avait lieu la séance inaugurale du premier cours universitaire en Europe de langue sifflée.
Ce pourrait être le début d’une renaissance. En inaugurant mercredi en fin d’après-midi son cours sur le langage sifflé, Philippe Biu, professeur d’occitan à l’université de Pau et des pays de l’Adour, espère sortir de l’ombre cette pratique en voie d’extinction. À l’orée de ce siècle, seules deux ou trois Ossaloises sifflaient encore en catimini, traduisant en fait, en modulations sonores, des syllabes de la langue occitano-béarnaise.
C’est le cadre un peu officiel d’un amphithéâtre de la présidence de l’université qui accueillait cette séance, prévue à l’origine pour honorer le chercheur Guy Busnel, lequel mena la première étude sur le langage sifflé d’Aas au début des années 1950.
Cinquante auditeurs présents mercredi
Âgé de 100 ans, cet acousticien, professeur à l’école pratique des Hautes études, a dû décliner l’invitation au dernier moment pour des raisons de santé. Sûr qu’il aurait apprécié les efforts de l‘association "Lo siular d’Aas", présidée par Philippe Biu, laquelle cherche à faire revivre cette tradition qui perdure dans d’autres pays d’Europe (lire ci-contre).
Si l’association ne compte qu’une petite dizaine de membres, ses responsables espèrent qu’elle s’étoffera, notamment grâce à ce cours, aujourd’hui option facultative dans le cursus de l’occitan et ouvert à des auditeurs libres. 50 personnes, dont une belle proportion de jeunes et le conseiller régional occitaniste David Grosclaude, étaient présentes hier.
Aujourd’hui informel, mais fortement soutenu par l’Université de Pau et des pays de l’Adour, ce cours est appelé à s’inscrire l’an prochain dans le cursus officiel de l’université. Il pourrait aussi être mis en ligne et doublé par une application pour smartphones. "Il aura alors une audience nationale, voire mondiale" s’est réjoui d’avance Philippe Biu. D’autant que des projets de recherche sont appelés à se greffer sur cet enseignement.
À noter que le langage sifflé fait aussi l’objet depuis un an d’une animation pédagogique au collège de Laruns.
Aux Canaries, en Grèce, en Turquie et dans les montagnes du Maroc
Les langues sifflées constituent une forme sifflée de la langue parlée car elles en conservent la complexité en termes de syntaxe et de vocabulaire. Elles permettent des communications à plus grande distance que la voix parlée, jusqu’à 2 km. On en trouve des exemples dans l’île de La Gomera (Canaries) où le langage sifflé (silbo), aujourd’hui basé sur la langue espagnole, tente de renaître. Il est d’ailleurs inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité. D’autres langues sifflées se retrouvent également en Grèce, en Turquie et au Maroc. C’est d’ailleurs aux Canaries et en Grèce que la nouvelle génération de siffleurs béarnais, emmenée par le siffleur moneinchon Gérard Pucheu, a appris cette modulation.