[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]À Plogonnec, une vieille étable devient sanctuaire des chauves-souris La plus grande colonie bretonne d’une chauve-souris en danger, le grand rhinolophe, a élu domicile dans une ancienne étable de Plogonnec (Finistère), dont le plafond menaçait de s’effondrer.
C’est au creux de la campagne finistérienne, dans une vieille étable qui tombe en ruine, qu’une colonie de grand rhinolophe a choisi de s’installer chaque année. Aux beaux jours, environ 500 chauves-souris femelles squattent les combles de la bâtisse, située entre Plogonnec et Le Juch, pour vivre et se reproduire. « Il n’existe que 35 colonies de reproduction en Bretagne, pour 6 000 individus environ », compte Josselin Boireau.
Josselin est salarié du Groupe mammalogique breton, l’association naturaliste qui a repéré la colonie et qui fait tout pour la préserver intacte. Or, le grand rhinolophe est une espèce fragile. Elle a besoin de conditions idéales pour vivre. Par exemple, avoir un accès « de plein vol » vers ses sites de mise bas, c’est-à-dire une entrée suffisamment large pour qu’elle puisse entrer et sortir en volant, avant de se suspendre par les pieds, prenant alors l’allure d’un parapluie fermé.
Piste d’atterrissage
C’est le cas de cette vieille étable, qui dispose d’une grande fenêtre en hauteur. Parfait, comme piste d’atterrissage. En ce vendredi ensoleillé de janvier, une quinzaine de bénévoles de l’association se sont mobilisés pour rénover le toit du bâtiment. Il menaçait de s’effondrer, mettant en péril la colonie. « Nous avons attendu l’hiver, c’est la période où les chauves-souris s’endorment durant quelques mois dans des caves, des grottes ou, ici les blockhaus de Crozon ou les combles de certaines églises. »
La voie est libre, les bénévoles retirent le plancher pourri de l’étage et commencent à remplacer les poutres. « Il en reste une ! » s’exclame l’un d’entre eux. Perchée, toute seule, sous la charpente, une chauve-souris a en effet décidé de quitter le nid hivernal. « Parfois, quand les températures remontent un peu, elles sortent pour se nourrir. »
Un lieu d’observations
Le Groupe mammalogique breton a reçu de la Région une subvention de 19 700 €. De quoi financer la rénovation du site, dont la couverture et le renforcement des murs seront refaits par des artisans. « Nous avons eu beaucoup de chance, lorsque nous avons découvert la colonie, le bâtiment était en vente, raconte Josselin Boireau. Nous l’avons acheté, ainsi que le terrain autour. » Le projet, validé par la Région, est d’entretenir et d’animer le lieu. « On ne veut pas en faire une réserve fermée mais au contraire un lieu d’observation et de suivi des populations. » Adossé à l’étable, un abri va être construit pour accueillir la colonie en hiver.
La protection de ces chauves-souris permet de préserver tout un écosystème : son habitat, son terrain de chasse. Insectivore, la chauve-souris souffre de la raréfaction des insectes due à l’emploi de pesticides et au recul des milieux qui les hébergent comme les zones humides, les haies et les bois anciens. Les bénévoles du Groupe mammalogique breton ont déjà planté des fruitiers et gardent sauvage la prairie alentour. Chouchoutée, la chauve-souris grand rhinolophe reviendra aux beaux jours mettre bas de son seul et unique petit de l’année, dans la vieille étable de Plogonnec.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]