[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Biodiversité : et si on laissait des espaces naturels évoluer librement… par Laurent Radisson
Le Conservatoire d’espaces naturels Normandie Ouest a lancé un programme régional d’espaces en libre évolution. Une manière de changer de regard sur des espaces souvent dénués de statut mais utiles pour la biodiversité.
“Nous voulons provoquer un changement de regard sur la nature en libre évolution“, explique Lydie Doisy du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) Normandie Ouest, lors d’un atelier qui s’est tenu le 20 juin aux 9e Assises de la biodiversité à Massy (Essonne). Le Conservatoire a lancé il y a deux ans un programme régional, dénommé “Prele“, destiné à améliorer l’acceptabilité d’espaces en libre évolution.
De quoi s’agit-il ? “Un espace naturel en libre évolution est un terrain pour lequel la volonté est de ne pas intervenir. Cet espace évolue librement sans usage particulier pour l’homme, quelle que soit son histoire agricole, forestière, industrielle ou autre. Ainsi, il peut désigner une friche agricole vieille de cinq ans, un fourré humide de saules ou même une forêt non exploitée depuis 50 ans“, explique le Conservatoire.
Nouveauté totale à l’échelle de l’évolution
Le programme est décliné en trois axes. En premier lieu, il s’agit de sensibiliser au concept de “nature en libre évolution”. Des espaces laissés sans intervention humaine suscitent bien souvent des expressions négatives ou au moins ambivalentes, explique Lydie Doisy : Le terrain est-il en friche ? Est-il abandonné ? La nature reprend-elle ses droits ? Il n’existe en effet plus d’espaces vierges de toute intervention humaine, a fortiori en Normandie. Certains peuvent associer “l’abandon” d’une parcelle à la démission de son propriétaire. Le programme fait donc appel au concept de “nature férale”, c’est-à-dire des espaces façonnés par l’homme mais que l’on rend à un état “sauvage”.
“C’est une nouveauté totale à l’échelle de l’évolution de laisser faire la nature“, explique en effet François Sarrazin, président du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). “La libre évolution, avant d’être un sujet de nature, est un sujet sociétal. Ses représentations, qu’elles soient positives ou négatives, découlent de représentations sociales plus profondes, liées à notre culture et notre histoire“, explique Camille Royer, auteure d’une enquête sociologique exploratoire pour le CEN. Mais, en tout état de cause, “cette approche est tout sauf un retour en arrière“, explique François Sarrazin, qui y voit plutôt l’opportunité d’en faire des territoires en pointe sur la conservation de la biodiversité.
Source : Actu-Environnement
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