[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Musique et littérature, alliés de la biodiversitéLe pianiste Patrick Scheyder lors de la représentation « Des jardins et des Hommes » à Villebon-sur-Yvette le 12 mai 2019
Avec le retour des beaux jours, le pianiste Patrick Scheyder s’invite jusqu’au 17 novembre dans les jardins publics en France. Cette édition, parrainée par Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue de Protection des oiseaux (LPO) et l’essayiste Pierre Rabhi, invite à percevoir la biodiversité de manière sensible, au travers de spectacles réunissant musique et littérature.
Sous l’arbre, le piano. Le soleil vient seulement de faire son retour pour réchauffer l’air. Dans le jardin public de Villebon-sur-Yvette (91), en banlieue parisienne, la musique appelle les passants en cette fin d’après-midi. On pose vélos et trottinettes pour prendre place sur… des bottes de paille. Depuis fin avril, musique et littérature s’écoutent dans les jardins. A l’initiative du pianiste Patrick Scheyder, une série de représentations de deux spectacles s’invite entre les brins d’herbe : « Léonard de Vinci et la nature, l’esprit libre », et « Des jardins et des Hommes », parrainés par l’ancien journaliste, président de la Ligue de Protection des oiseaux (LPO), Allain Bougrain Dubourg et l’essayiste Pierre Rabhi.
Ces représentations, en accès libre aux quatre coins de la France et exceptionnellement en Suisse et au Maroc, entendent réconcilier les concepts de nature et de culture. « Je ne fais jamais d’opposition, au contraire, c’est une harmonie », se défend Patrick Scheyder. « On parle tout autant de culture lorsqu’il s’agit de cultiver l’esprit, que pour cultiver la terre et faire pousser des arbres ». Au programme de la tournée : une alternance de piano, joué par Patrick Scheyder, des lectures énoncées par l’acteur Michael Lonsdale et des chants kabyles interprétés par Abdelghani Benhelal. « La biodiversité est aussi celle des cultures et des humains », explique le compositeur.
Le choix du cadre n’est pas une pure fantaisie de sa part. Il a pour objectif de mettre à l’honneur la biodiversité, autant dans la forme que dans le choix de ses textes. Pour cela, Patrick Scheyder mise sur des auteurs célèbres. Entre George Sand et Victor Hugo, il admire le regard sur la biodiversité de Léonard de Vinci. A l’occasion des 500 ans de la mort de celui-ci, un spectacle lui est spécialement consacré. « De Vinci parle de biodiversité comme d’un tout interdépendant. D’une manière instinctive, pour créer, il est allé chercher dans la nature ce qui appuyait ce qu’il ressentait », rappelle le pianiste.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Si l’observation des oiseaux a également inspiré le génie italien pour inventer des machines, ces dernières ont servi de modèles aux ingénieurs de l’aéronautique. Un clin d’œil ironique, qui n’a pas fini d’agacer ici Michael Lonsdale, perturbé dans sa lecture par le défilé d’avions qui survole le parc, proche de l’aéroport d’Orly. A chacun de leurs passages, l’acteur s’interrompt et commente au micro : « le tigre du ciel » …
Si certaines références actuelles en matière de biodiversité apparaissent au cours du spectacle, Patrick Scheyder s’est surtout attaché à mettre en avant des auteurs classiques. « Quand on dit que c’est nouveau, les gens ont peur, mais si on leur montre le contraire, cela les met dans un certain confort. Ces auteurs parlent avec sensibilité, pas seulement par l’esprit et la rationalité ». Yann, venu par curiosité avec sa femme et son fils, s’étonne de la résonance avec l’actualité des textes de Victor Hugo qu’il vient d’entendre. Le compositeur admet une « stratégie qui n’en a pas l’air et qui ne doit pas se laisser percevoir ». S’il veut « sortir de la salle », c’est pour s’adresser à ce « « n’importe qui », qui est le plus nombreux et que l’on doit convaincre ».
De leur côté, les enfants ont pris à la lettre le mot d’ordre du jour : percevoir la biodiversité de manière sensible. Rapidement, ils abandonnent le spectacle. Puisqu’ils ont la nature à portée de main, autant s’empresser de retourner farfouiller dans l’herbe.
Par Laura Remoué