[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un vieil arbre est maintenu en vie par les jeunes arbres qui l’entourent La souche d’un vieil arbre kaori, au milieu d’une forêt de Nouvelle-Zélande, a attiré l’attention de deux chercheurs de l’université d’Auckland. Sans branches, sans feuillage et incapable de produire aucune photosynthèse, l’arbre visiblement mort reste en vie grâce aux ressources que ses jeunes congénères lui transmettent via ses racines.
Le succès de La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben participe au nouveau regard que nous portons sur les forêts depuis peu. Grâce à des nouvelles technologies permettant de voir le réseau de champignons et de champignons et des racines sous la terre, les scientifiques découvrent que les arbres sont en relation constante les uns avec les autres et interagissent.
Récemment, la recherche d’un scientifique de Nouvelle-Zélande a été beaucoup relayée dans les médias : une souche d’arbre kauri est toujours en vie, alors que l’arbre a été coupé il y a longtemps. Au lieu de se décomposer, la souche est maintenue en vie par le réseau souterrain de racines des arbres auquel elle participe en apportant ses nutriments aux arbres en période de forte chaleur, qui doivent puiser d’avantage. La nuit, ce sont les arbres qui fournissent à la souche des nutriments.
Depuis quelques années les ouvrages de vulgarisation scientifique et de réflexion écologique nous incitent à changer notre regard sur le vivant. L’entraide, l’autre loi de la jungle en est un exemple en France. Lorsque nous coupons un arbre en forêt, nous pensons que cela n’affectera qu’un individu. Lorsque nous rasons un bout de forêt à quelques kilomètres d’un petit bois, nous pensons qu’il n’y aura pas d’incidence.
Nous ne faisons pas le lien entre l’aile de poulet que nous mangeons et l’abattoir, ou entre le jus d’orange frais d’été et les serres énergivores d’Espagne qui assèchent toute une région. Nous avons perdu toute capacité de penser et surtout de ressentir l’interdépendance des êtres vivants. Des études comme celles-ci peuvent surtout nous réapprendre à le faire.
Certains sujets sont plus faciles que d’autres. Les arbres ont toujours suscité chez l’homme une identification anthropomorphique, du fait de sa verticalité, il est lui aussi debout. La sylvothérapie est revenue en force du Japon, et devient l’une des branches du développement personnel. Pour faciliter notre empathie avec les arbres, nous utilisons des termes qui nous parlent : la mémoire, l’entraide ou l’intelligence.
Ces termes permettent une accroche médiatique et attirent les lecteurs. Mais derrière ce biais, ces découvertes nous montrent tout simplement que nous n’avons pas prévu dans notre langage de mot pour désigner une forme de mémoire, d’entraide et d’intelligence autre que la nôtre. Et qu’il serait peut-être temps de pouvoir la penser et l’exprimer, pour reconnaître à tous les êtres vivants la même condition, les mêmes enjeux, et donc, le même destin.
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