[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pandémie : la solidarité entre Irlandais et Amérindiens Il y a cent soixante-dix ans, la nation Choctaw avait envoyé de l’argent en Irlande lors de la « famine de la pomme de terre ». Aujourd’hui, les Irlandais se mobilisent pour aider des communautés Navajo et Hopi.
Quand les Amérindiens sont venus en aide aux Irlandais
Au milieu du XIXe siècle, l’arrivée du mildiou en Irlande ravage les cultures de pommes de terre. C’est la Grande Famine : entre 1845 et 1852, un million d’Irlandais décèdent et 25 % quittent l’île, principalement pour l’Amérique.
Cette catastrophe a provoqué un mouvement de solidarité peu connu. En mars 1847, la nation Choctaw parvint à réunir 170 dollars pour aider les Irlandais. Les Choctaw décidèrent de lancer cette collecte après avoir eux-mêmes traversé l’épreuve de la Piste des larmes. « Trail of Tears » désigne leur expulsion forcée du Mississippi vers l’Oklahoma entre 1831 et 1838, tandis que leurs terres étaient remises à des colons européens, en application de l’Indian Removal Act.
Des liens qui ont persisté dans le temps
Depuis, le lien entre l’Irlande et les Indiens d’Amérique ne s’est jamais distendu. En 1995, lors de la célébration du 150e anniversaire de la Grande Famine, la présidente irlandaise Mary Robinson avait alors rendu visite aux Choctaw pour les remercier. En 2017, une grande sculpture appelée Kindred Spirits (« esprits frères ») a été inaugurée dans le comté de Cork, pour symboliser cette histoire commune.
Aujourd’hui, des citoyens irlandais ont donc décidé de venir en aide à deux autres nations amérindiennes dévastées par la pandémie. Le 18 mars, le Rural Utah Project Education Fund lance un fonds de secours et fait appel au financement participatif. Son but : venir en aide aux peuples navajo et hopi, très durement touchés par le Covid-19 en raison notamment de leurs conditions de vie très précaires. Mercredi 6 mai, les dons atteignaient plus de 2,6 millions de dollars et provenaient en écrasante majorité d’Irlande.
« Nous sommes devenus des âmes sœurs avec les Irlandais depuis la “famine de la pomme de terre”. Nous espérons que les Irlandais, les Navajos et les Hopis développeront des amitiés durables, comme nous l’avons fait ». — Gary Batton, chef de la nation Choctaw, pour Le Monde.
Les Amérindiens sévèrement touchés par la pandémieDes automobilistes font la queue pour un dépistage du Covid-19, à Monument Valley (Utah)
Les nations amérindiennes sont particulièrement touchées par l’épidémie de Covid-19. Elles présentent le plus fort taux d’infection et l’un des plus forts taux de mortalité de tout le pays. La nation navajo est la plus touchée : 2 474 cas et 73 décès pour une population de 170 000 habitants. Et, selon les épidémiologistes, d’autres pics infectieux sont à venir. Les conditions de vie précaires en sont la cause : rareté de l’eau courante, forte prévalence de maladies comme le diabète, cohabitation de plusieurs générations dans un même foyer…
Alors que 38 % des habitants de la réserve navajo vivent sous le seuil de pauvreté, la collecte de ces fonds doit permettre la mise en place d’un réseau de points de distribution de nourriture, d’eau et de savon, et des fournitures essentielles.
Sources : Courrier international, Rural Utah Project Education Fund, Le Monde
Crédit Photo : Kristin Murphy, Halie West via Unsplash
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