Aokigahara : La Forêt des Suicides et sa beauté cachée
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Aokigahara, réputée pour être la forêt des suicides au Japon, est aussi une forêt avec des particularités uniques. Elle est silencieuse, il n'y a pas d'animaux, la végétation y est magnifique, et il est très facile de s'y perdre. Curieux d'en savoir plus, nous nous rendons à Aokigahara.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Étant une forêt reposant dans l'ombre du Mont Fuji, Aokigahara a été nourrie par une épaisse couche de lave. Elle s'est formée sur des milliers d'années, ensemble avec des grottes qui ont été aussi créées par l'éruption du Mont Fuji.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pour ceux qui souhaitent se suicider au Japon, cette forêt est le lieu évident. Mais pourquoi ? Est-ce parce que cette forêt est lugubre ? Ou à cause de ses terribles histoires ? La forêt d'Aokigahara, aussi connue sous le nom de
Jukai, la mer d'arbres, est qualifiée pour les deux.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ne souhaitant pas nous perdre d'emblée, on se dirige vers l'entrée principale. Les quelques visiteurs disparaîssent bien vite après l'entrée menant aux grottes, nous laissant alors dans la plus grande paix. Même pas de bruit d'insectes. Seul une chaleur incomfortable s'élève du sol, comme si la lave courrait toujours en dessous.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ces grottes ont été développées en attractions touristiques, alors que la forêt, elle, s'est fait connaître en tant que meilleur spot afin de se suicider. Un livre a contribué à sa renommée, c'est le
Complete Manual of Suicide. Et il y a aussi le beau roman
The Tower of Wave (
Nami no Tou).
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le manuel du suicide introduit
objectivement les différentes manières d'en finir. Et rendre l'âme à Aokigahara est hautement estimé par aussi bien l'auteur que ses lecteurs. Le roman est une triste histoire d'amour entre une femme mariée et un procureur plus jeune. Leur histoire se termine en paix à Aokigahara. Riche d'une atmosphère féérique autour d'un amour impossible, cette histoire éveilla les compassions. Le résultat de ces deux livres est évident. De nombreux cadavres furent retrouvés à Aokigahara, avec ces livres à côté.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous continuons sur le même chemin, jusqu'à une autre entrée non loin de là, un peu moins officielle celle ci :
Entrée interdite. Un second panneau
Caméra de surveillance. Bienvenue dans la forêt interdite d'Aokigahara !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Suivant les 10 mètres après l'entrée de la zone interdite, des gardes en patrouille, un énorme chien aux talons. Ils nous aperçoivent aussi, ça ne fait aucun doute. Probablement plus intéressés dans l'inerte, ils nous ignorent.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Plus loin, un vélo. Le chemin prends fin ici. Nous pénétrons alors réellement une
mer d'arbres, et trouvons rapidement des rubans attachés aux arbres. À ce moment, deux rubans en fait, en parallèles, marquant soigneusement une route commune vers l'enfer.
Cette forêt, cette
mer d'arbre, n'est comme aucune autre. La densité de la flore bloque complètement la lumière du soleil et le vent. Et ces rubans, rappelant les cailloux du Petit Poucet, utilisés pour éviter de se perdre (et à Aokigahara, pour faire machine arrière, au cas où) laissent présager le pire. Nous suivons ces rubans. Au début, c'est une marche facile, rien de très inhabituel à part un silence angoissant et la même chaleur étouffante provenant du sol.
Nous arrivons à un carrefour de rubans et de cordes de toutes les couleurs, bifurquants dans différentes directions. Nous nous séparons pour suivre différentes pistes, tout en restant dans le même périmètre de visibilité. La marche tranquille devient plus compliquée.
Le sol se transforme en une toile composée d'un méli-mélo de racines les unes sur les autres, de rochers et de feuilles mortes. Il est facile de tomber dans les trous cachés par ces feuilles, de se cogner contre les rochers les jouxtants et de s'y enliser.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Néanmoins les rubans continuent toujours, rien ne les arrête. Ceux qui sont prêt à en finir avec la vie ne reculent ostensiblement pas devant ces obstacles.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans les profondeurs de la forêt, les cordes deviennent moins nettes et moins soignées. Un peu comme si ils avaient perdu patience. Ils laissent maintenant traîner chaotiquement les cordes par terre.
Parfois, ceux-ci disparaissent pour réapparaître quelques mètres plus loin; ou se retrouvent enroulés à l'infini autour d'un tronc, ou encore sont complètement abandonnés. Sont-ils effrayés, hésitants ? Impossible de ne pas partager leurs émotions. Des objets apparaîssent sur le sol, parfois d'un autre temps. Beaucoup campent à Aokigahara, à la demande de l'auteur du guide au suicide. Afin de méditer sur leurs vies et bien-sûr aussi et surtout sur cet acte final.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les pistes sont de plus en plus difficiles à suivre. Des rubans vont dans un sens, alors que d'autres partent dans des directions totalement opposées. On en suit alors un nouveau ruban. Et un autre. Impossible de savoir où les pistes se terminent, ou si elles commencent, c'est un véritable capharnaüm de rubans et de cordes colorés.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Après une longue randonnée dépourvue de sens de près de trois heures, nous décidons de reprendre le chemin du retour. Nous ne sommes pas d'accord sur la direction de la route, mais ayant vécu toute mon enfance dans la forêt, je fais confiance à mes instincts. Je pense pouvoir retrouver le chemin.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le retour est difficile, la lumière tombe petit à petit. Mon amie tente de se rassurer avec le fait de ne pas être tombé sur
quelqu'un, ce qui aurait été probablement extrêmement traumatisant. Mais c'est justement à ce moment là que nous aperçevons
quelque-chose.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une corde sur un arbre, avec une cravate, formant une boucle parfaite. Quelques mètres plus loin, un autre arbre, avec une corde du même type. Sauf que cette fois, c'est la ceinture d'une femme. Un couple ? Mais alors, pourquoi à distance l'un de l'autre ? Des amoureux séparés malgré la force de leurs sentiments ? Sont-ils ceux que l'on suivait au début ? Il n'y a aucun indice.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sur le chemin du retour, je songe à nouveau au documentaire que j'avais vu à propos d'Aokigahara. Celui-ci expliquait que ceux qui marquent leurs pistes à travers la forêt sont ceux qui hésitent encore. Je me demande si certains d'entre-eux sont revenus et quel est leur ressenti.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous arrivons à l'entrée. Au distributeur de boisson, on achète une canette de coca. Le pièce tombe, le système se déclenche, des cliquetis familiers. La canette tombe. Le goût du coca, et cette question : mais pourquoi ce choix ? C'est trop sucré ! Des sourires.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous retournons à la voiture. Il y a une autre voiture sur le parking, abandonnée. Je jette un oeil à travers la vitre : des mangas, des magazines, certains affichent une date qui remonte il y a quelques mois. Je monte dans ma voiture, démarre le moteur. Sensation agréable d'être en vie. Nous retournons à Tokyo.
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